Nous avons le plaisir de vous annoncer que Marlyn Bennett, chercheuse interdisciplinaire renommée et universitaire, se joindra au Programme pour l’équité, la diversité, l’inclusion, la décolonisation et l’autochtonisation (EDI-DA) du Réseau BRILLEnfant à titre de coresponsable aux côtés de Nomazulu Dlamini. Marlyn jouera un rôle déterminant en veillant à ce que les principes d’équité, de diversité, d’inclusion, de décolonisation et d’autochtonisation soient enchâssés de façon authentique dans tous les aspects des travaux du Réseau BRILLEnfant pour que les effets sur la recherche sur les handicaps chez les enfants soient durables.
Au sujet de Marlyn
Marlyn est Anichinabée et elle est issue d’une communauté signataire du Traité no 1, la Première Nation Ojibway de Sandy Bay, située au Manitoba, au Canada. Elle s’est récemment jointe à la faculté de travail social et à l’École d’éducation Werklund de l’Université de Calgary comme titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur le bien-être des enfants autochtones de 2023. Également, Marlyn reste professeure adjointe à la faculté de travail social de l’Université du Manitoba.
L’expérience de Marlyn est multidimensionnelle et s’inscrit dans un contexte multidisciplinaire. À l’âge de 24 ans, elle a étudié le droit pour devenir avocate. « Mais j’ai été aspirée dans le monde du travail social, confie-t-elle en riant. Je suis aussi devenue maman, ce qui a chamboulé mes plans. » Après avoir mis un terme à ses études en droit, Marlyn a cherché à occuper des postes qui touchaient les services à l’enfance et à la famille pour les Autochtones, en milieu universitaire comme à l’extérieur. Elle a travaillé comme analyste des politiques, assistante de recherche et chargée de cours à temps partiel avant d’entreprendre des études en travail social à l’Université du Manitoba en 2003. Elle a ensuite obtenu un doctorat interdisciplinaire en 2016.
Les travaux de recherche de Marlyn sont aujourd’hui axés sur les expériences des femmes et des enfants autochtones dans le système de protection de l’enfance. « Je me concentre principalement sur le bien-être des enfants autochtones », indique Marlyn, qui a elle-même été placée en famille d’accueil à l’âge de 12 ans après le décès de sa mère.
Le récit dans la recherche en santé
Marlyn est une ardente défenseure des approches artistiques et des méthodes de recherche qualitative. Elle s’intéresse particulièrement à la façon dont les méthodes de narration d’histoires peuvent être appliquées à la recherche en santé autochtone. Marlyn est surtout connue pour son utilisation de la méthode de narration d’histoires numériques, un processus novateur et collaboratif qui combine les formes traditionnelles de récit et les technologies numériques. À l’aide de moyens audio et visuels, les participantes et les participants racontent des histoires personnelles en créant de courtes vidéos.
« La narration d’histoires numériques est aussi une approche axée sur la terre, mentionne Marlyn. C’est comme un rassemblement culturel dans la nature qui permet aux Autochtones de rencontrer leur communauté, leurs aînées et aînés, la terre et d’autres membres. »
Marlyn a entendu parler de la narration d’histoires numériques pour la première fois en 2013, dans le cadre d’un projet organisé par le Centre d’histoire orale de l’Université de Winnipeg, qui portait sur les effets intergénérationnels des pensionnats. Marlyn a créé sa première histoire numérique, intitulée My Mother’s Love Was in a Bowl of Porridge (Ma mère nous démontrait son amour en nous préparant du gruau), qui témoigne de sa relation complexe avec sa mère.
Pour elle, cette expérience a été révélatrice. « J’ai adoré! J’ai adoré pouvoir raconter mon histoire à ma façon », dit-elle. Son expérience a aussi eu des répercussions profondes sur ses travaux de recherche : dans le cadre de son doctorat, Marlyn a commencé à recourir à la narration d’histoires numériques avec des personnes qui avaient été en famille d’accueil pendant leur jeunesse.
Marlyn recourt également à la méthode photovoix dans ses travaux. Cette approche consiste à fournir un appareil photo aux participantes et aux participants, à leur demander de répondre à une question en prenant des photographies et à leur permettre d’expliquer celles-ci. « Les personnes fournissent tellement de détails, car elles ont à cœur leur histoire, souligne Marlyn. Elles veulent la raconter. Ce n’est pas une façon intimidante de le faire. » Marlyn ajoute qu’on donne de la nourriture aux participantes et aux participants avant et après la prise de photographies pour qu’ils éprouvent un sentiment de convivialité et sentent qu’ils font partie d’un rituel.
Mettre en lumière les perspectives des Autochtones
Marlyn a commencé à s’impliquer dans le Réseau BRILLEnfant en 2022 lorsque Lucyna Lach, son amie et collègue chercheuse, l’a invitée à se joindre au conseil consultatif autochtone, dont l’objectif est d’orienter les travaux du Réseau BRILLEnfant. C’est aussi Lucyna qui a recommandé que Marlyn se joigne au Programme pour l’EDI-DA. « Elle a dit que je serais excellente pour ce rôle », mentionne Marlyn.
Lorsqu’on lui demande quel est son objectif comme coresponsable du programme, Marlyn n’hésite pas à répondre : « Je veux m’assurer que les principes autochtones de l’être et du savoir sont pris en considération et que nous tenons compte de l’incroyable diversité des communautés autochtones au pays, du nord au sud, dans les réserves et hors réserve. » Comme Marlyn le fait remarquer, les Autochtones ont toujours été là. « Nous sommes uniques. Nos problèmes sont différents de ceux des autres groupes ethniques au Canada. C’est important que nous tenions compte de ces différences lorsque nous examinons des éléments comme l’engagement des patientes et des patients et les soins hospitaliers. »
Marlyn souhaite également explorer le principe de sécurisation culturelle (c’est-à-dire lorsqu’une personne se sent en sécurité au moment de recevoir des soins de santé) : « Si une personne ne sait pas comment demander des services qui la sécurisent, nous devons lui montrer à le faire elle-même. » Par exemple, Marlyn indique qu’elle aimerait entrer dans un hôpital et y sentir le foin d’odeur.
En somme, Marlyn s’intéresse tout particulièrement à l’établissement de ponts entre les perspectives autochtones et occidentales dans les soins de santé, et elle souligne l’importance de comprendre que la façon de voir le monde des Autochtones est une force. « Nous devons nous reconnaître dans ces soins, dit Marlyn. Mieux encore, nous devons avoir des services au sein de nos communautés. »